La Première Guerre Mondiale

Saint-Dizier ne connaît pas, pendant la première guerre mondiale, les affres de l’invasion et de l’occupation. Géographiquement proche des principaux champs de bataille du nord-est de la France, la ville, transformée en base arrière de repos et de soins des soldats, vit au rythme des combats.

Le quotidien des bragards

À Saint-Dizier, comme partout dans le pays, l’annonce de la mobilisation, le 2 août 1914, et de l’entrée en guerre renforce le sentiment nationaliste. Elle provoque néanmoins un vent de panique : échange des billets contre de l’or et réserve de nourriture. Les usines arrêtent, quant à elles, partiellement le travail. Les autorités municipales prennent aussitôt des mesures règlementant le ravitaillement, les réquisitions, la circulation et la police.

Première guerre mondiale : ordre de mobilisationL’enthousiasme mêlé de crainte fait place à la peur au début du mois de septembre 1914. Pendant près d’une semaine, armées française et allemande s’affrontent sur les rives de la Marne : Vitry-le-François, Revigny-sur-Ornain, Sermaize-les-Bains ou Thiéblemont. De nombreux Bragards effrayés prennent le chemin de l’exode. Le 13 septembre, la bataille de la Marne s’achève : le général Joffre repousse victorieusement les Allemands. Le front se stabilise. Saint-Dizier accueille alors Alsaciens, Lorrains ou habitants des villages voisins détruits. Les premiers blessés affluent. 73 Bragards seront tombés sur le champ d’honneur fin 1914.

L’alerte passée, la vie reprend avec son lot de difficultés : le manque de pain, de sucre, la hausse des prix, les hommes sous les drapeaux et les usines qui chôment. Mais la solidarité est très présente. Les familles des soldats reçoivent une allocation militaire. Les usines mettent une partie de leurs locaux à la disposition des blessés. Une souscription dite « du tricot du soldat » est organisée pour les poilus. Le 1er novembre 1914, le nouveau maire, Léon Roujas, préside une cérémonie en hommage aux Bragards morts pour la France devant le monument de 1544.

Saint-Dizier transformée en hôpital

Train sanitaire en gare de Saint-DizierEn 1915, la ville prend l’aspect d’un gigantesque hôpital. Un hôpital d’évacuation est installé à la gare. L’hôpital installé à l’ESTIC reçoit des blessés graves. Des péniches sont également stationnées sur le bord du canal à proximité de l’aéroclub du Robinson. Les usines, qui ont repris leurs activités, fabriquent des obus. L’arrivée de Marocains pallie la carence de main-d’oeuvre. En juin 1916, Saint-Dizier reçoit la visite des généraux Joffre et Pétain. Ils rendent hommage aux héros de Verdun, décorent les survivants et réconfortent les nombreux blessés.

Les mouvements de troupes s’intensifiant, le « Foyer du soldat » ouvre ses portes. On y trouve des boissons, jeux, journaux… La ville accueille également le théâtre aux armées. Les Bragards sont, quant à eux, soumis au rationnement de pain. En 1917, Saint-Dizier subit ses premiers bombardements aériens provoquant quelques destructions sérieuses. La pénurie en produits alimentaires de base s’aggrave. Des restrictions s’imposent. Les cartes de pain sont distribuées en novembre, précédant de quelques mois les cartes d’alimentation. Les femmes entrent à l’usine et les allocations militaires sont révisées à la hausse. L’espoir revient au printemps 1918 avec la reprise des offensives et la traversée de la ville par les troupes américaines. Le quotidien reste difficile. Les attaques aériennes se multiplient et les habitants sont contraints de se réfugier dans les tranchées. La grippe espagnole sévit alors, causant de nombreux décès. Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé.

Le rôle clé de la Ville

Saint-Dizier a payé un lourd tribut à la première guerre mondiale. Sur 2 500 combattants mobilisés, 677 ne sont pas revenus. En 1921, le gouvernement décerne la croix de guerre à la ville en reconnaissance de son rôle lors du conflit. De par sa position stratégique et l’importance de sa gare régulatrice, elle fut la plaque tournante du ravitaillement en vivres et munitions et des mouvements de troupes en direction de l’Argonne, Verdun et l’Est. Saint-Dizier décide d’honorer ses soldats morts en érigeant un monument à leur mémoire, qui sera inauguré en 1923 par le ministre de la Guerre, André Maginot.

D’après Emmanuel Thiry
Livre Saint-Dizier – 1995

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